2022 : Quelles tendances pour le marché de la E-santé ?

Hupfront études santé

Avec une volonté politique marquée de faire de la France le leader de la E-Santé européenne et un écosystème français arrivant à maturité, 2022 s’annonce comme une année charnière pour le développement de notre secteur d’activité.

Quelles tendances et enjeux vont l’animer cette année ? Hupfront a fait le point pour vous sur une année où la question des données de santé sera centrale, avec les lancements annoncés de l’Espace Numérique de Santé et du Health Data Hub face à une opinion publique qui commence à s’en inquiéter.
Des données qui permettent en revanche d’entrevoir une révolution des technologies et des usages, mais qui ne sera possible qu’à deux conditions : gagner la confiance et emporter l’adhésion des usagers.

Données de santé : l’année de l’accélération ?

« La crise offre l’opportunité d’une transformation plus volontaire encore »

. Ces mots du secrétaire d’État au numérique Cédric O incarnent parfaitement l’année qui s’annonce pour la E-santé française. La crise COVID a imposé une présence plus importante du numérique dans la vie des français, et les a poussé à intégrer cette composante dans la gestion de leur santé. Entre l’installation de TousAntiCovid, l’utilisation de Doctolib et de Vitemadose pour les rendez-vous de vaccination et la généralisation de l’usage du QR Code au quotidien, le secteur de la santé, qui peinait à se numériser, a pris pleinement le virage du digital.

L’Espace Numérique en Santé : la possibilité d’une révolution des parcours de santé

Prévu de longue date dans les bagages de la Loi Ma Santé 2022, l’Espace Numérique de Santé sera officiellement lancé nationalement le 3 février prochain et concernera l’ensemble des français qui ne s’y opposeront pas formellement dans les 6 semaines qui suivent.

L’ENS n’a pas vocation à seulement remplacer le DMP (Dossier Médical Partagé) mais bien à le dépasser pour créer, pour chaque français, un espace qui centralise ses informations et ses démarches, et qui permette une meilleure coordination entre les différents acteurs de son parcours de santé.

De plus, il intégrera des outils (calendrier et messagerie) à disposition du patient qui lui permettront d’être plus facilement acteur de sa santé, ainsi qu’un pool d’applications issues d’acteurs privés.

Sur le papier, l’ENS a tout pour devenir un « game changer » et faire basculer les français dans une logique de « patient connecté », avec la maturité tech suffisante pour interagir plus volontiers et plus efficacement avec d’autres acteurs de ce marché.

Attention tout de même à accompagner le mouvement, car s’ils ne sont qu’1% à s’y être formellement opposés, 93% des français concernés par cette ouverture dans les 3 départements pilotes n’ont pas activé leur Espace*.

Health Data Hub : ça coince, mais…

Logo-Health-Data-HubL’année débute mal pour ce projet qui devait incarner un point de bascule majeur sur l’utilisation des données de santé en France. Né du rapport Villani sur l’Intelligence Artificielle de 2018, l’ambition du Health Data Hub était de centraliser l’ensemble des données du système de santé français, jusqu’ici collectées ici et là par les hôpitaux, les ARS et l’Assurance Maladie, pour en faire un guichet unique au service de la Recherche.

Et si la promesse d’un guichet unique des données de santé française, qui permette les croisements de données et offre un volume suffisant pour développer des produits et des thérapies toujours plus performants est séduisante, sa mise en service semble compromise, au moins pour un temps.

En effet, après de multiples controverses sur le choix de Microsoft Azure comme hébergeur et les conditions d’accès à ces données, jugées par certains trop permissives, à des acteurs privés, le HDU a officiellement retiré sa demande d’autorisation à la CNIL, mettant le projet en stand by, probablement au moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

La médecine de 2022 sera-t-elle prédictive ?

L’utilisation du Big Data en santé permet d’entrevoir l’espoir d’une médecine prédictive qui, grâce au croisement de données environnementales, génétiques et de prise en charge, et l’utilisation d’Intelligence Artificielle, nous permettrait de devancer l’apparition de maladies.

C’est d’ailleurs l’ambition de la toute jeune start-up ZOI qui vient de lever 20 millions d’euros auprès d’investisseurs privés, et c’est une réalité dans de plus en plus de pays, notamment en Estonie, où la législation est plus souple et la population habituée à un quotidien numérisé, notamment pour ses démarches administratives.

Mais si les espoirs sont permis, la prudence reste tout de même de mise, pour preuve l’échec avoué de Watson par IBM, le super ordinateur qu’on annonçait comme plus performant que les médecins. Récemment revendu à un fonds d’investissement, cette vitrine technologique de Microsoft n’a pas su s’imposer auprès de ses différents clients : en cause, plusieurs erreurs manifestent qui en rendraient l’utilisation impossible dans un secteur où une erreur peut être fatale à un patient.

La confiance : enjeu clé pour la E-santé en 2022

La crise du COVID-19 a fait des dégâts, et pas seulement en termes de victimes directes. Face à une explosion de l’offre d’information sur ce sujet, et sur le thème de la santé en général, dans un contexte émotionnel sensible et confrontés à des assertions contradictoires et des vérités temporaires, la crédibilité des acteurs de santé n’a cessé de s’effriter aux yeux des français.

Or, si la confiance dans les soignants d’une manière générale reste à un niveau satisfaisant, bâtir la relation de confiance entre l’usager et l’ensemble du système de santé dans le cadre de sa numérisation ne sera pas un long fleuve tranquille. En effet, seuls 6% des français** se déclarent prêts à transmettre leurs données de santé sans aucune condition et seulement 1 sur 2 l’accepterait sous certaines conditions, et à condition de pouvoir changer d’avis à tout moment.

Une prudence manifeste qui risquerait de s’accroître dans l’année si les phénomènes répétés de fuite de données de santé observés en 2021 s’accroissent en nombre et en gravité en 2022.

Mais la confiance n’est que la première des deux conditions au fait d’embarquer l’usager dans le virage numérique que prend l’écosystème de la E-santé français. La seconde, dont la confiance est un préalable indispensable, c’est de susciter son intérêt pour emporter son adhésion, car rien ne sera possible en santé si l’usager n’adhère pas aux solutions que le numérique souhaite lui apporter. 

Si l’usager refuse massivement le tournant numérique que nous voulons lui proposer, alors tout tombe à l’eau.

Comment faire pour emmener l’usager dans cette transformation ? On en faisant plus :

Plus de Transparence

L’explosion des échanges entre patients qu’a permis l’essor des réseaux sociaux nous oblige à être d’une transparence de tous les instants. Les usagers désormais enquêtent, publient et partagent tout ce qui pourrait leur sembler suspect, de nos plus petites erreurs et maladresses aux conflits d’intérêts les moins éthiques. 
Être transparent sur ses valeurs, son business modèle et ses pratiques de management                                 n’est plus vu comme un bon point, mais bien une nécessité.

Plus d’Engagement

La plupart des acteurs de la E-Santé en France convergent vers le même objectif final, améliorer un ou plusieurs points précis de la santé des malades. Montrons-le. Montrons clairement aux usagers le but que nous poursuivons et les résultats concrets positifs que notre écosystème a sur leur santé.

Plus de Co-Construction

Si nous voulons aider les usagers et résoudre leurs problèmes, alors nous devons commencer à les écouter, pour comprendre leurs problème et leur réalité quotidienne. C’est en partant de leurs insights que nous pourrons co-construire des solutions bien plus pertinentes qu’on voulant leur imposer le modèle qui nous semble être le bon.

Metavers et Jumeaux Numériques : les innovations tech de l’année ?

Si le Métavers réussit à emporter l’adhésion du public et s’installe durablement dans nos vies quotidiennes, alors il ouvre un champ des possibles totalement inédit tant ses applications potentielles au monde de la santé sont multiples.

La formation

Grâce à sa forme immersive et à la dématérialisation des échanges qui abolissent les contraintes de lieu et de distance, le métavers pourrait rapidement devenir un espace de formation des soignants qui, grâce à des simulations immersives, pourraient apprendre et se perfectionner auprès de professeurs de renommée mondiale.

La réalité mixte au service de la chirurgie

Si l’usage de la réalité mixte (superposition de virtuel sur une vue réelle) commence à se développer dans certaines industries, la santé, et particulièrement la chirurgie pourraient en bénéficier prochainement. 
Grâce à un casque affichant des indications à l’écran (constantes vitales, projections graphiques sur la peau…) les chirurgiens de 2022 vont gagner en précision et en réactivité.

Des téléconsultations plus nombreuses et plus efficaces

Enfin, le multivers est également une formidable opportunité de développer un usage qui a séduit de nombreux français qui l’ont découvert au cous de la crise du COVID-19 : la téléconsultation. Si pour l’instant elle reste la plupart du temps un simple échange par webcam interposée, le multivers est la clé pour en faire un espace rempli de fonctionnalités nouvelles à expérimenter avec des professionnels de santé pour enrichir leurs consultations, mais aussi favoriser les échanges de groupe.

Les Jumeaux numériques : vers un monde sans erreur ?

C’est un terme que nous avons appris à connaitre l’année précédente et qui devrait revenir régulièrement alimenter nos discussions des années à venir. Le jumeau numérique est une réplique virtuelle d’un système complexe, qu’il s’agisse d’une organisation humaine ou d’une composante d’un corps humain.

Grâce à une réplique virtuelle fidèle de ce système, nous pouvons désormais travailler sur des simulations qui permettent d’entrevoir les futurs les plus probables, en fonction des variables sur lesquelles nous souhaitons travailler.

Aussi utile pour évaluer de manière beaucoup plus rapide et beaucoup moins coûteuse qu’un essai clinique la toxicité d’une substance sur un point précis d’un organisme vivant, que pour rationaliser et optimiser le fonctionnement d’un hôpital, cette technologie sur laquelle le français Dassault Système est en pointe nous ouvre la porte d’un monde où nous pourrons tester chacune des options qui s’offrent à nous, avant de la choisir ; d’un monde où nous pourrons faire des erreurs virtuelles pour ne plus en faire dans le monde réel.

Hupfront est une société d’étude en santé spécialiste des données de vécu des malades chroniques. Créée par la plateforme de pair-aisance HEROIC santé, Hupfront vous offre un coup d’avance sur votre marché en accédant à des panels de malades qualifiés pour votre recherche d’insights, d’études et de co-construction de produits et services.

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Antoine KALAWSKI, Head of Marketing & Communication pour hupfront et HEROIC santé

* Données de l’Assurance Maladie sur l’expérimentation pilote du déploiement de l’ENS sur 3 départements français en 2021

** Étude ODOXA, Données de santé : les Français sont prêts à les partager à quelques conditions, Novembre 2017

Données de santé : les Français sont prêts à les partager à quelques conditions

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