Présidentielle 2022 : Découvrez le programme santé des 12 candidat·e·s

Entre la crise du COVID-19 et le boom de la Health tech française, le début de la décennie 2020-2030 a vu le sujet de la santé être propulsé sur le devant de la scène médiatique et politique. Rien d’étonnant alors à ce que les candidats et candidates à l’élection présidentielle de 2022 s’en emparent, et espèrent creuser un écart avec leurs concurrents avec des mesures souvent chocs.

Pour vous aider à y voir plus clair, hupfront a recensé et analysé des promesses et des volontés des 12 postulants à la charge suprême, et vous présente leurs mesures phares.

Valérie Pécresse : Complet et parfois surprenant

Une fois n’est pas coutume, et contrairement à son prédécesseur François Fillon, la candidate du parti Les Républicains propose d’emblée une création massive de postes à l’hôpital, qu’elle chiffre à 25 000 soignants sur la durée du quinquennat à venir.

Pour soutenir l’ambition de cette hausse, deux mesures l’accompagnent. D’abord, doubler le nombre de médecins formés d’ici 5 ans pour porter à 20 000 d’ici la fin du quinquennat le nombre d’étudiants admis chaque année en 2ème année. Ensuite, améliorer l’attractivité de ce métier en faisant évoluer la rémunération des médecins généralistes grâce à une augmentation de 25€ à 30€ du prix de la consultation, sans augmentation du reste à charge pour les Français.

Enfin, et conformément aux positions qu’a pris le groupe parlementaire LR à l’Assemblée Nationale au cours de l’actuelle mandature, Valérie Pécresse souhaite s’engager pour les droits des femmes en santé en instaurant un congé spécifique de deux jours par mois sur avis médical en cas de régles douloureuses, et promet d’accéder à la demande de nombreuses malades d’intégrer l’endométriose dans la liste des Affections de Longue Durée (ALD30).

Sources : https://valeriepecresse.fr/projet/sante/

Anne Hidalgo : trop discret ?

Au Parti Socialiste, on a fait le choix de ne pas trop rentrer dans les détails techniques et d’envisager l’aspect Santé conjointement avec les sujets de société.
Ainsi, si Anne Hidalgo ambitionne elle aussi d’accroître les capacités de formation française pour former 15 000 nouveaux médecins, 1250 sages-femmes et 25 000 infirmiers et aides soignants par an, ses propositions pour la santé d’éloignent ensuite des portes coulissantes des CHU.

On y retrouve une demande poussée par de nombreuses associations et collectifs ces dernières années, et à laquelle le gouvernement LREM n’a pas répondu favorablement : l’individualisation de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH).

Viennent ensuite la légalisation de l’euthanasie, qui sera encadrée par un système de directives anticipées qu’aura prises le patient, ainsi que l’instauration d’une conférence de consensus pour trancher un sujet qui revient régulièrement animer les débats publics : la légalisation du cannabis.

Sources : https://assets.nationbuilder.com/2022avechidalgo/pages/208/attachments/original/1645795527/Anne_Hidalgo_Programme_officiel_en_A4_l%C3%A9ger.pdf?1645795527

Éric Zemmour : La carte d’identité avant la carte vitale

Pour la santé, Éric Zemmour a deux priorités : la ruralité et les étrangers.
Une grande partie de ses propositions se concentre sur le besoin de repeupler de soignants les territoires éloignés des centres urbains en proie à la désertification médicale. Pour cela, il propose deux mesures majeures : rétablir l’obligation de garde des médecins libéraux et faire embaucher par l’État un corps de 1000 médecins qui exerceront en zones sous-dotées.

S’il acte comme la (quasi)-totalité la nécessité d’un plan de réinvestissement et d’embauches au profit du système hospitalier, il n’en précise en revanche pas les contours contrairement à plusieurs de ses concurrents.

Enfin, et il s’agit d’une proposition qu’il a répété à l’envie depuis de longues années lorsque le candidat de Reconquête était encore un polémiste, Éric Zemmour affirme sa volonté de supprimer l’AME (Aide Médicale d’État), qu’ils considère comme un facteur favorisant l’immigration, et sans considération sur l’intérêt qu’une telle disposition peut avoir pour prévenir l’entrée sur le territoire d’une future épidémie.

Sources : https://programme.zemmour2022.fr/

Roussel : L’hôpital partout, pour tous

Le moins qu’on puisse dire avec le programme du candidat du Parti Communiste Français, c’est qu’il est particulièrement ambitieux.

Fidèle à la ligne historique du Parti, Fabien Roussel souhaite rompre d’entrée de jeu avec la gestion comptable actuelle du système hospitalier en abrogeant les lois de libéralisation de l’hôpital public, au premier rang desquelles la Tarification à l’Acte (T2A) et la loi Bachelot Hôpital Patient Santé et Territoire (HPST).

Une rupture qu’il espère suffisante pour lancer un grand plan d’investissement qui se traduirait par l’embauche de 100 000 emplois à l’hôpital public en 5 ans, 100 000 emplois d’aide à domicile chaque année et la construction d’hôpitaux de proximité pour qu’aucun bassin de vie ne soit à plus de 30 minutes d’un hôpital.
Des mesures que le candidat juge indispensable pour faire face au vieillissement et à l’augmentation croissante des maladies chroniques dans la population générale.

Mais où trouver les fonds pour financer une telle (dé?)mesure ? Là encore, le candidat PCF a la réponse : dans les poches de l’industrie pharmaceutique via l’instauration d’une taxe de 1% sur son chiffre d’affaires, la publication des aides publiques qui lui sont versées et la réquisition d’une partie des laboratoires privés du médicament.

Sources : https://www.fabienroussel2022.fr/la_sante_notre_bien_commun

Mélenchon : La carte vitale oui, la carte bleue non

Le programme santé du doyen des candidats à cette élection s’oriente autour de deux axes majeurs. D’abord, un plan pour l’hôpital qui comprend le recrutement de 62 500 soignants au cours de sa mandature ainsi qu’une modification des critères de financement des institutions hospitalières par la suppression partielle de la Tarification à l’acte (T2A) dans le cadre du suivi des maladies chroniques et des soins palliatifs.

Le second axe concerne quant à lui la médecine de ville et l’industrie du médicament. Persuadé que les secteurs de la santé et de la pharma ont connu trop de dérives ces dernières années, le candidat de la France Insoumise entend y mettre un terme en interdisant purement et simplement les dépassements d’honoraires et s’engage à ce que l’Assurance Maladie rembourse l’intégralité des soins prescrits, sans aucun reste à charge.

Quant à l’industrie pharmaceutique, l’ancien sénateur socialiste entend intégrer l’ANSM (Agence Nationale de la Sécurité du Médicament), la HAS (Haute Autorité de Santé) et le CEPS (Comité Économique des Produits de Santé) qu’il estime trop perméables à l’influence des lobbys, au sein d’un pôle public du médicament unifié.

Sources : https://avenirencommun.fr/livrets-thematiques/le-livret-sante/

Emmanuel Macron : Stop ou encore ?

Compte tenu de sa déclaration de candidature particulièrement récente, nous ne disposons pas, contrairement aux autres candidats, d’un programme écrit et détaillé des mesures que le candidat Macron souhaite appliquer au secteur de la santé.
En revanche, un certain nombre de ses déclarations laissent à penser qu’il n’en a pas fini avec ses projets de réforme nourris au cours de son quinquennat et qu’il souhaite continuer à creuser le sillon qu’il a dégagé ces 5 dernières années.

Ainsi, la volonté affichée de rendre plus attractives les carrières de soignants au cours du Ségur de la Santé devrait se poursuivre, et se traduire en promesses de revalorisations salariales à venir. De la même manière, de nouvelles évolutions de carrières pourraient s’ouvrir aux soignants déjà en poste en développant le concept de « pratique avancée », déjà mise en place pour les infirmiers depuis 2018.

Fidèle à son image de président de la Start-up Nation France, on imagine sans peine qu’une des priorités d’Emmanuel Macron sera d’accélérer la transformation numérique du système de santé, dans le sillage de projets comme l’Espace Numérique de santé et le Health Data Hub, qui n’ont pourtant pas connu que des réussites.

Enfin, et on le comprend aisément après qu’il ait eu à gérer la crise du COVID-19 qui a mis à nu les failles de notre système de santé, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à repenser l’organisation et le temps de travail des soignants à l’hôpital, possiblement en y supprimant le régime des 35h.

Marine Le Pen : Un programme attrape-tout

Ici, pas de grand plan quinquennal mais plutôt un ensemble de coups de pouces et d’ajustements du système qui n’ambitionnent pas de le réformer en profondeur.
Concentrée sur d’autres sujets, Marine Le Pen se contente des figures imposées concernant son programme de santé en proposant de plafonner le nombre de personnels administratifs à l’hôpital à un maximum de 10% des effectifs salariés, afin de laisser la part belle aux soignants.

Toujours dans cette optique d’incarner celle qui améliorera le quotidien et les conditions d’exercices des héros de la Nation luttant contre le COVID-19 en 2020, la députée du Pas-de-Calais souhaite mettre en place de nouvelles aides financières à l’installation de médecins dans les déserts médicaux, et offre 10% d’augmentation supplémentaires aux infirmiers, par rapport à ce qui était déjà prévu par le Ségur de la Santé.

En cohérence avec sa ligne anti-immigration, la candidate du Rassemblement National souhaite elle aussi restreindre l’accès à l’AME (Aide Médicale d’État).

Sources : https://mlafrance.fr/programme

Nathalie Arthaud : Simple, Concis, Flou ?

Le programme pour la santé de Nathalie Arthaud, candidate du parti Force Ouvrière, n’a pas besoin d’être longuement détaillé puisqu’il tient en deux mesures fortes et simples.

La gratuité totale des soins pour tous, et l’embauche massive, la formation massive et l’augmentation massive des salaires pour les personnels de l’hôpital.

Pour les détails, on verra plus tard…

Sources : https://www.nathalie-arthaud.info/


Jean Lassalle : Les profits peuvent attendre

Dans son programme pour la santé des français, le fils de berger du Béarn semble avoir une cible toute désignée qu’il souhaite attaquer de front : les profits de l’industrie pharmaceutique.

Convaincu que la course à la rentabilité a détourné ce secteur de sa mission originelle, Jean Lassalle propose notamment deux mesures pour l’encadrer. D’abord, l’ouverture d’une commission sur la levée de certains brevets pharmaceutiques, qui seraient jugés d’intérêt public. Ensuite, contraindre le secteur a réorienter ses activités de recherche vers les enjeux de santé considérés comme étant les plus urgents, au détriment des plus lucratifs.

Rejoignant le consensus qui se dégage de l’ensemble des programmes des candidats, Jean Lassalle s’engage lui aussi à redonner plus de moyens à l’hôpital en y ouvrant 20 000 lits et en recrutant 100 000 aides soignants et infirmiers supplémentaires. Enfin, pour pallier le phénomène de désertification médicale qui touche les territoires éloignés des centres urbains, le candidat propose de financer intégralement les études de médecines d’étudiants qui s’engageront à exercer au moins 6 ans dans une zone sous dotée.

Sources : https://jl2022.fr/

Philippe Poutou : On prend tout !

Dernier qualifié d’extrême justesse le jour-même de la clôture des dépôts de parrainages, Philippe Poutou est sans aucun doute le candidat qui porte le projet de restructuration des secteurs de la santé et de la pharma le plus radical.

Si cela semble être une bonne nouvelle pour les personnels hospitaliers qui bénéficieraient d’un plan emploi formation de 100 000 personnels hospitaliers en 5 ans et d’une revalorisation immédiate de 400€ par mois et des grilles salariales, l’industrie pharmaceutique en revanche a de quoi se faire du souci.

Dans son programme, le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste annonce vouloir exproprier les grands groupes pharmaceutiques et lever l’intégralité de leurs brevets.

Enfin, tout comme d’autres candidats représentant la gauche, lui aussi se prononce pour l’interdiction des dépassements d’honoraires et le remboursement intégral des soins prescrits.

Sources : https://poutou2022.org/programme

Nicolas Dupont-Aignan : un programme à la carte

Avec ses 53 (!) mesures ne serait-ce que pour la santé, l’ancien maire d’Yerres gagne haut la main le prix du candidat avec le plus grand nombre de mesures pour réformer le système de santé français.

Si, en cohérence avec ses récentes prises de position médiatiques au cours de la crise du COVID-19, il met en exergue sa volonté d’abroger définitivement les pass sanitaire et vaccinal, on retrouve parmi les dizaines de mesures énumérées quelques idées force comme la suppression de la tarification à l’acte (T2A) qui ouvrira la porte à la création d’un nouveau système de financement des hôpitaux.

Le candidat de Debout la France affiche également une volonté de moderniser le système de santé français pour l’amener vers plus d’efficience et de contrôle des coûts, en attestent sa volonté de dématérialiser l’ensemble des tâches administratives des médecins, et la volonté de remplacer l’ensemble des cartes vitales par des cartes biométriques pour résoudre l’inconnue des millions de cartes vitales supplémentaires en circulation.

Enfin, pour Nicolas Dupont-Aignan la solution aux déserts médicaux passe également par l’engagement de jeunes médecins à exercer 5 ans en zone sous dotée contre une bourse finançant leurs études.

Sources : https://2022nda.fr/projet/sante/

Yannick Jadot : l’écosystème de santé

La première des mesures que compte prendre le candidat d’Europe Écologie Les Verts s’il accède aux plus hautes responsabilités, c’est de fusionner le ministère de la santé avec les ministères de l’environnement et de l’alimentation pour lutter contre l’explosion des maladies chroniques.

Une approche holistique de la santé qui a le mérite d’innover dans le paysage politique.

Concernant l’hôpital, si Yannick Jadot est lui aussi convaincu qu’il faut remédier à un manque de personnel hospitalier, sa solution consiste à embaucher 100 000 infirmiers et à renforcer l’attractivité des métiers de l’hôpital en revalorisant de 10% le salaire des personnels soignants.

Comme d’autres candidats, lui aussi propose de supprimer la tarification à l’acte (T2A) mais n’a pas encore proposé de système pour lui succéder.

Enfin, Europe Écologie Les Verts ajoute à son programme l’ambition d’agir pour soulager les proches aidants en développant leurs droits à la formation, au répit et à la retraite.

Sources : https://www.jadot2022.fr/programme

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Antoine KALAWSKI, Head of Marketing & Communication pour hupfront et HEROIC santé

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